Jean Monbourquette et son bouquin sur l’ombre ? Un voyage inconfortable mais nécessaire dans nos parts refoulées.



L’auteur définit l’ombre comme tout ce qu’on a enfoui par crainte d’être rejeté. Par désir de plaire, on a caché des émotions, des qualités, des attitudes jugées déviantes.

En séance ? Je vois ces masques bien rodés. Des couples qui ont appris à cacher leurs « défauts », leurs vulnérabilités, leurs aspects moins « présentables », leurs envies, leurs fantasmes.

Mon job devient de créer un espace sécurisant où ils peuvent explorer ces parts cachées.

L’ombre comme volcan psychique

Jean Monbourquette décrit l’ombre comme un « volcan psychique ». Une énergie compressée mais active. Non intégrée, elle peut surgir par la colère, la dépression ou les projections.

Je devine parfois ce « volcan » : tensions inexpliquées, irritations soudaines, moments où l’un projette sur l’autre des défauts qu’il refuse de voir en lui.

Les projections

Ce qui nous agace le plus chez les autres reflète nos propres parts refoulées.

L’un reproche à l’autre sa « vanité » tout en cachant son propre besoin de reconnaissance. Ou critique son « égoïsme » en refoulant ses propres désirs légitimes.

Nos discussions aident les duos à reconnaître ces mécanismes. Je les guide vers plus de compassion mutuelle.

L’intégration

Le livre prône l’intégration de l’ombre plutôt que sa répression. Ni refouler ni s’identifier complètement, mais reconnaître et apprivoiser pour en faire des forces créatrices. L’être humain est un éternel compromis entre deux comportements opposés qui sont tout simplement complémentaires.

Les couples les plus authentiques ont intégré leurs contradictions. Ils assument leurs imperfections, leurs côtés moins « nobles », leurs fantasmes. Cette acceptation crée une intimité plus profonde.

Patience et compréhension sont indispensables pour les amener vers un niveau supérieur de connexion. Ils ressortent souvent très émus, vivant cette relation comme le début d’un renouveau.

Rêves et fantasmes

Les rêves sont des lieux privilégiés de rencontre avec l’ombre. Ce qui est réprimé le jour s’exprime librement la nuit.

J’encourage les binômes à partager leurs rêves ou fantasmes relationnels. Ces éléments révèlent des désirs refoulés qui enrichissent leur palette émotionnelle.

L’humour comme révélateur

L’humour révèle également nos parts d’ombre. Ce qui nous fait rire révèle souvent des aspects refoulés.

L’humour des couples me renseigne beaucoup. Leurs blagues privées, leurs taquineries, révèlent des aspects qu’ils n’osent exprimer ailleurs. Ces moments donnent naissance aux photos les plus spontanées.

Les identités indésirables

Le livre identifie nos « identités indésirables » — ces aspects qu’on refuse catégoriquement d’être alors qu’elles font parties intégralement de notre être.

Je repère ces refus : « Nous ne sommes pas ce genre de couple exhibitionniste ». Ces rejets révèlent des besoins légitimes de reconnaissance qu’ils se sont interdits.

Nos discussions pré-shooting aident à questionner ces identités rigides. Accepter de se montrer beaux n’est pas de la vanité, mais de l’amour-propre, sain.

L’équilibre persona/ombre

Jean Monbourquette, s’inspirant de Jung, explique qu’on a tous une « persona » (masque social) et une « ombre » (aspects cachés). L’équilibre entre ses deux aspects de notre personnalité permet l’épanouissement authentique, réel.

Mon travail consiste à aider les duos à trouver cet équilibre. Ni pure façade, ni défoulement total, mais une expression authentique.

Accepter la dualité

Le bouquin insiste sur l’importance de sortir de la mentalité dualiste (bien/mal) pour embrasser la complexité humaine.
Le bien et le mal n’est qu’une vision d’une personne ou d’un groupe de personne qui, à un moment donné, dans une situation particulière, a décidé de ce qui était « juste » et « faux ».

Les couples les plus touchants assument leurs paradoxes : timides ET sensuels, indépendants ET fusionnels. Cette complexité assumée crée des images d’une profondeur remarquable.

Mon rôle transformé

Cette lecture a boosté ma compréhension. Je ne capture plus seulement des moments d’amour idéalisés, mais j’accompagne les binômes dans un processus d’intégration de leurs différentes facettes.

Chaque séance devient une opportunité d’aider à réconcilier parts lumineuses et ombrageuses, créant une expression d’amour plus complète.

Derrière mon objectif, je ne cherche pas la perfection mais la complétude. Car comme le dit Jean Monbourquette, citant Jung : « Ce n’est pas en regardant la lumière qu’on devient lumineux, mais en plongeant dans son obscurité. »