« Avoir le courage de ne pas être aimé » de Kishimi et Koga – La liberté selon Alfred Adler
Ichiro Kishimi et Fumitake Koga. Ce titre provocateur cache une vérité libératrice.
Ce bouquin présente les théories d’Alfred Adler à travers un dialogue. Contrairement à Freud qui voit dans le passé la cause de nos problèmes, Adler propose qu’on agit en fonction de nos objectifs futurs. On choisit nos comportements pour servir un but présent.
Cette perspective change la donne.
Certains duos arrivent avec l’idée qu’ils « ne peuvent pas » être à l’aise devant l’objectif à cause de leur passé. La vision adlérienne dit : « Vous choisissez cette gêne maintenant car elle vous sert à quelque chose. »
Cette prise de conscience ouvre la porte au changement.
Dès les premiers échanges, j’identifie ces excuses liées au passé : « J’ai toujours été mal à l’aise en photo ». Mon rôle ? Leur montrer qu’ils peuvent décider autrement, maintenant.
Le courage de ne pas être aimé
Tant qu’on cherche désespérément l’approbation des autres, on n’est pas libre. Avoir le courage de ne pas être aimé, c’est accepter que tout le monde ne nous appréciera pas.
Et c’est OK !
Les couples prisonniers du besoin d’approbation créent des images rigides. Ils cherchent à correspondre à ce qu’ils imaginent que j’attends, à ce qui « se fait », à ce qui plaira sur les réseaux.
Cette quête les coupe de leur authenticité.
Certains binômes explorent cette libération : « Et si on se fichait de l’avis des autres ? » Cette permission transforme radicalement leur expression.
En préparation, j’encourage cette indépendance : « Ces photos sont pour vous, pas pour impressionner qui que ce soit. »
Tous les problèmes sont relationnels
Adler affirme que tous nos problèmes viennent de nos relations aux autres. Si on vivait seul sur une île, on n’aurait aucun de nos problèmes actuels.
Les quelques tensions que je vois en séance viennent presque toutes de la dynamique relationnelle : peur du jugement, besoin de validation, comparaison.
Nos discussions aident à voir comment leurs problèmes « personnels » sont en fait relationnels.
La séparation des tâches
Un concept clé : distinguer ce qui relève de notre responsabilité de ce qui relève de celle des autres. On ne peut contrôler que nos propres choix, pas les réactions d’autrui.
Votre tâche ? Être authentique devant l’objectif. La tâche des autres ? Juger ou non vos photos. Vous ne pouvez pas contrôler leur réaction.
Il y aura des gens qui adoreront le résultat et d’autres qui jugeront négativement. Sachez que ce n’est pas vous qu’ils jugent, mais cette zone de liberté que vous avez osé franchir et qu’eux n’osent pas. Quand quelqu’un porte un jugement négatif sur une personne, c’est à soi qu’il le porte, miroir miroir…
Certains duos intègrent cette séparation : « Je ne peux pas contrôler ce que ma famille pensera, donc je vais juste être moi-même. » Et je peux vous garantir que ça change le résultat, autant sur les photos que la liberté acquise suite à cette aventure.
Le sentiment d’infériorité
Alfred Adler distingue le sentiment d’infériorité (normal, moteur de croissance) du complexe d’infériorité (pathologique). Se sentir inférieur nous pousse à nous améliorer. Le problème ? Quand on l’utilise comme excuse.
Beaucoup arrivent avec un fort sentiment d’infériorité : « Je ne suis pas aussi beau/belle que… ». Mon rôle ? Les aider à transformer ce sentiment en moteur.
Parfois, nos échanges montrent comment ils utilisent leur « infériorité » pour éviter les risques : « Je ne peux pas oser cette pose, je ne suis pas assez… »
Les autres sont nos camarades
Adler propose de voir les autres non comme des rivaux mais comme des « camarades » dans le voyage de la vie.
Les couples qui se voient comme équipe créent une énergie complètement différente de ceux qui se comparent.
En préparation, je renforce cette vision : « Vous formez une équipe, vous jouez ensemble, pas l’un contre l’autre. »
Contribution à la communauté
Selon Alfred Adler, on trouve notre valeur en étant utiles aux autres, en contribuant.
Au lieu de chercher à « bien paraître », les binômes peuvent se demander : « Comment ces photos serviront-elles notre relation ? Notre famille future ? »
Cette réorientation vers la contribution crée un sens nouveau.
Vivre ici et maintenant
Le bouquin insiste sur l’importance de vivre pleinement le moment présent.
Je guide constamment les duos vers le présent : « Oubliez les photos qui existeront, vivez simplement ce moment ensemble maintenant. »
Cette présence crée les images les plus vibrantes.
Le bonheur est une contribution
Alfred Adler définit le bonheur non comme un état à atteindre mais comme le sentiment de contribution.
Au lieu de chercher le bonheur dans « la photo parfaite », les couples le trouvent dans le moment de connexion. La photo ne sera alors que le témoin ineffaçable de ce moment de liberté, de cette prise de conscience.
Le courage de changer
Le livre affirme qu’on a tous la capacité de changer, mais que ça demande du courage. Le changement génère de l’anxiété (héritage de nos ancêtres des cavernes pour qui le changement pouvait cacher un danger réel).
Les couples qui osent sortir de leur zone de confort créent les transformations les plus belles.
Mes séances deviennent presque des laboratoires de courage. Mon rôle ? Encourager ces petits actes de bravoure : oser une pose inédite, porter cette tenue inhabituelle, exprimer une vulnérabilité.
Sortir de sa zone de confort fait peur mais apporte une fierté forte et libératrice.
Ce que j’en retiens
Ce livre a enrichi ma compréhension de la liberté relationnelle. Kishimi et Koga m’ont aidé à voir que mon travail va au-delà de la photographie : je participe à la libération des couples de leur prison d’approbation.
Cette approche guide mon accompagnement : créer un espace libre de jugement, encourager l’authenticité plutôt que la performance, valoriser le présent plutôt que l’image future.
Derrière mon objectif, je ne cherche plus à créer des images qui plairont à tous mais à capturer des couples qui ont le courage d’être vraiment eux-mêmes.
Car comme le disent les auteurs, c’est en osant ne pas être aimés de tous qu’on trouve la vraie liberté d’être. Et ces couples libres, photographiés dans leur authenticité courageuse, créent les images les plus puissantes. Celles qui, lors d’un down, les boosteront dans leur amour.
